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Chat!

Chat!

Chat…..

 Si je dis odeur, tu dis quoi?
Est-ce que comme moi tu aimes le jasmin, le thym, la menthe, le basilic?
Il est vrai  que je t’ai surpris le nez dans les roses, mais, personnalité énigmatique, tu n’es nullement incommodé par l’odeur de la javel! n’est-ce pas?


Et si je te dis sons? tu aimes beaucoup le piano, tu aimes même te promener sur son clavier, la cacophonie que tu produis t’amuse.
Tu ne connais pas le chant des sirènes et ne risque pas de t’y laisser prendre comme certains aventuriers. Tu ne connais que le chant de l’eau qui coule, des oiseaux, des grillons et des petites grenouilles tropicales. 

Si je te dis: regarde…. mais là je me demande toujours au travers de tes grands yeux pailletés d’or ou plus bleu que le ciel, comment tu me vois, mes yeux t’intriguent? les tiens aussi. On est là, les yeux dans les yeux et, comme disait Nougaro, lequel est le plus étonné des deux.

Si je te dis toucher, là on se rejoint. Tu aimes me voir fureter dans ton épaisse fourrure, te caresser le ventre parce que depuis toute petite je suis persuadée que les ventres des chats et des chiennes on été créés pour rassurer les enfants malheureux.

J’aime ton ventre maman chat quand il s’ arrondi et que je sens dans cet univers liquide une petite tête qui pointe puis une autre. Je guette combien de  merveilles j’aurais bientôt.

Pour me moquer de toi je dis que tu va me faire des souris mais c’est peut-être pour ne pas t’avouer que tes bébés chats c’est un des plus beaux cadeau que la vie me fait.
J’aime ce monde d’habitude que tu te fabrique et que tu quittes, fantasque et imprévisible, j’aime quand on se parle tout bas, à petites syllabes et onomatopées chuchotées (chacun de nous ne comprend pas vraiment ce que l’autre dit mais au travers de ces sons on marche patte dans la main, cote à cote dans la vie, unis par le même lien.)

J’aime quand tu me guettes et bondis sur mon chemin, ce sont tes clins d’oeil à toi. Tu aimes surprendre et j’aime tes frasques, j’ai même appris à aimer les cadeaux que tu me fais, les rats que tu déposes avec des petits lézards sans queue et des grenouilles quelque peu aplaties, des oiseaux aux plumes éparpillées. J’ai beaucoup de mal à accepter que la nuit tu chasses mes pieds qui, bien qu’endormis, exécutent quelques mouvements débridés. Mais ce que j’aime par dessus tout chez toi c’est ta liberté, tu ne connais aucun maître hormis celui que tu as choisi. J’aime comment tu te joues des ordres des humains et de leurs sentiments de supériorité sur tout ce qu’ils pensent contrôler et diriger. Tu es sourd au rapport de force et étranger à la soumission. J’aime ton indomptabilité, ton côté rebelle, ils font bon ménage avec ma Kabylité.

J’ai peur lorsque ton pelage est aussi sombre que les ténèbres: ces diableries d’humains te décrètent alors maléfique. Ils te jetaient vivant la nuit de la Saint Jean dans le brasier pour invoquer leur seigneur cornu qui m’est d’ailleurs totalement inconnu. Ils ont décrété que tu étais de sabbat avec les crapauds et les sorcières, les nuits de pleine lune. Alors, au moyen âge, ils t’on brûlé avec elles. Aujourd’hui tu sers encore pour les pratiques de magie noires; le transfert que font les hommes est simple: tu symbolises pour les enfants  la douceur, la chaleur, l’amour, la peluche idéale. Tu es beau, majestueux, voire  princier, et pour les adultes tu es le comble de la sensualité, tu symbolise la femme, le mystère, la magnificence de la nuit. Quand on veut terroriser un enfant, l’avilir, et le manipuler, il est facile de te torturer en sa présence, l’enfant comprendra le mot passé: d’abord lui, après toi.
Voilà pourquoi tu es la cible idéale de tous les bourreaux d’enfants et des manipulateurs de tous poils. Mais ceci est souvent caché et on ne le dit pas assez.

Je te voue une vraie passion parce que je suis fascinée par ton charme et ta beauté, et que je suis animée par un profond respect pour ton indépendance à l’égard de l’homme qui t’a domestiqué.

Souvent les êtres de pouvoir ne t’aiment pas, trop sensuel, trop libre, trop indomptable. Rassures-toi ceux-là ne m’aiment pas non plus, probablement pour les mêmes raisons.

L’ancienne Egypte te déifiait, les poètes te vénèrent car tu es la muse qui guide leur plume, moi ce que j’aime en toi c’est que tu es d’essence royale, même lorsqu’on t’appelle « gouttière ». Tu es raffiné, délicat, très pudique; pas besoin de pedigree, tu es toujours de grande classe.

Dis… chat, approches ton oreille, car ce que je vais te murmurer là, je ne l’ai encore jamais dis à personne, je suis tellement plus sauvage que toi. Approches…. il y a des aveux qui se susurrent mais qu’on ne claironne pas

 « je ne pourrai plus vivre sans toi »

                                                                                    Marie. Aude ABANE

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