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Oiseau du Paradis

Oiseau du Paradis

Machao ! Tellem chao !

Est-il  vrai que l’on t’appelle Oiseau du Paradis ?

Mais existes-tu réellement? Ah ! Ça oui ! Je t’ai vu, de mes yeux vu lors d’une émission sur les papous de Nouvelle Guinée ! Tu es leur modèle tant pour leurs danses rituelles que pour les parures de leur corps. Tu es leur emblème. Les hommes papous se parent de mille couleurs, de milles façons comme toi, lorsque la période de tes épousailles survient. Ces hommes sont jaloux de leur culture et de leurs traditions et forcent l’admiration comme toi : Ils restent dans leur forêt, mais beaucoup d’entre eux sont partis en ville et se fondent dans l’uniforme dit à la mode : jean troué, tee-shirt dépenaillé, le médiocre et le négligé! 

Tes plumes, oiseau, sont de formes différentes, dans les tons de rouge, orange, jaune avec des touches de bleu et de vert irisés ; les Papous peignent sur leur corps et leur visage des dessins géométriques dans les mêmes tons. Mais ce qu’il y a de plus extraordinaire, ce sont les coiffes qu’ils arborent : ils gardent tous leurs cheveux tombés ou coupés, les tissent très serrés à la forme de leur tête et piquent dans ces cheveux des plumes, des perles, des coquillages, feuilles, et fleurs ; chacun d’eux rivalisent pour avoir la coiffe la plus grandiose, la plus élaborée, la plus originale. C’est sublime ! On ne compte plus les bijoux dont ils parent leurs membres, leur cou et leurs oreilles. Bref ce sont des œuvres d’art vivantes. Dans nos pays où actuellement la mode est aux couleurs de dépression et de mort, gris- noir-blanc, au style « épuré » entendez du désertique, du non vivant, du triste, cette explosion chez les Papous, de vie, de couleurs, c’est l’incarnation de la beauté, des fleurs, de l’amour.

Parlons-en tiens ! de l’amour. En période des épousailles, l’oiseau, tu exécutes pour séduire une belle, une danse frénétique digne d’une rock star : tu ébouriffes tes plumes, projette tes ailes en avant de la tête, déploie toutes les plumes de ta queue, tu tournes, virevoltes, tapes frénétiquement tes pattes sur la branche, tu vocalises de mille façons. Jusqu’à ce qu’une dulcinée te trouve à son goût. Les Papous guettent sous les arbres pour récupérer chacune de tes plumes car nul doute, l’exercice est musclé et éprouvant !

Quelles minutes magiques j’ai pu vivre en découvrant les hommes et l’oiseau !

Mais pour moi, auparavant, je t’avais rêvé, il y a quelques temps déjà. Rien à voir avec la réalité, tu étais pour moi un oiseau de légende, un mythe, un oiseau d’éternité. Une sorte de messager entre les Dieux et l’homme ! Comme l’était Pégase le cheval ailé, un petit Hermes aux pieds ailés. Ce rêve là est le plus beau des rêves que j’ai pu faire dans ma vie. Mon bel oiseau du Paradis, tu n’étais pas aussi coloré que dans la réalité. Tu avais la taille d’un héron, avec un long bec, des plumes toutes irisées de vert et de violet, des ailes immenses. Tu étais tel un avion descendu tout droit du ciel, exécutant un tour d’envol devant moi, comme pour atterrir à mes pieds. Je restais bouche bée, saisie tant par la surprise que par tant de beauté. C’était curieux, moi seule te voyais. Je n’étais pas seule, mais les autres ne te voyais pas. Cela me mettait très en colère, je ne pouvais pas partager ce moment de splendeur et de magnificence, un pur moment féérique. J’étais transportée par une joie indicible, une joie que dans ma vie je n’ai encore jamais ressentie. C’était insoupçonnable, cela ne pouvait pas m’être adressé. Je n’ai pas l’habitude qu’on me fasse un tel cadeau. Tu étais la plus belle chose qui m’était donnée de voir et de ressentir. J’étais aussi terrorisée, je n’avais qu’une obsession, te toucher, te caresser, je n’avais qu’une crainte : t’effrayer en t’approchant, ne pas savoir faire, te faire fuir par ma maladresse.

L’oiseau, je ne connais pas, je ne connais que les chats. Avec eux, je comprends tout, tout de suite, on a la même gestuelle et on parle le même langage. Tu étais là devant moi, sans bouger, il fallait bien que je tente quelque chose. Alors je t’ai appelé, comme j’appelle mes chats, ce petit mouvement des lèvres qui fait un peu un bruit de « piou-piou-piou ». Ah ! J’hallucine, tu es venu te poser sur mon épaule droite. Mon cœur explosait dans ma poitrine, j’étais telle une statue de sel, j’avais réussi à communiquer avec toi et à établir une relation de confiance. Pour moi, c’était comme flirter avec l’impossible, ça ne pouvait pas m’arriver à moi, je n’ai jamais connu le facile. Tu ne bougeais pas, moi non plus d’ailleurs, tu n’osais pas tourner la tête et me regarder, moi non plus. Alors d’une main hésitante, quasi tremblante et fébrile, telle une jouvence le jour de ses épousailles, je t’ai touché le ventre et je t’ai caressé comme je caresse mes chats. Alors saisie d’étonnement et palpitante de joie, je t’ai vu te coucher sur le dos, en te trémoussant d’aise, tu tortillais en sens inverse tête et corps, tu émettais des petits bruits qui pouvaient ressembler à des petits rires. Je savais que j’étais en train de vivre la plus grande joie de ma vie. Etais-je en train de consommer l’impossible ? Tu aimais mes caresses, je riais et j’avais l’impression que tu riais toi aussi.

Puis à l’unisson, d’un commun accord, nous nous sommes élevés dans le ciel, comme si nous allions être unis à tout jamais, comme greffés l’un à l’autre. Je regardais autour de moi et je voyais des formes humaines, comme engluées de boue, laides et insignifiantes.

Est-ce que j’allais aller au paradis à l’issue de cette danse aérienne ? Vers quelle destinée et destination allions-nous ? Peu importe, le monde m’ouvrait ses bras, j’avais convolé avec l’impossible.

Depuis je pense souvent à ce rêve. Est-ce que c’était un remake de l’annonce de l’ange Gabriel ? Le tout revu et corrigé par Mel BROOKS, nous avons tellement ri ! Etait-ce comme la colombe blanche qui symbolise la paix recouvrée après la guerre et la misère ! Je voudrais dessiner cela, mais je ne sais pas faire. Je ne peux matérialiser cette féérie que par des mots. Merci l’oiseau pour ces superbes minutes, pour ce moment de pureté et de bonheur. Merci pour ce doux rêve et l’espoir qu’il fait naître dans mon cœur. Moi qui disait n’être en symbiose qu’avec les chats ! Dans ma passion pour les mythes et les légendes je ne m’émerveillais que devant la licorne blanche, les dragons de feu, le taureau ailé.

Je t’en prie, reste sur mon épaule, mon bel oiseau du paradis jusqu’à la fin de ma vie, c’est tellement rassurant et fascinant et tellement plein de mystère ! Tu représentes tout ce qui me fait rêver dans la vie, la beauté et le merveilleux, bref épouser l’impossible ! Si c’est cela le message que tu m’as apporté, merci, jolie nouvelle !

Je m’appelle Marie-Aude ABANE et je suis Kabyle, berbère, et psychologue.  

 

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