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Les jeux du cirque à Rome – LA SPA DE LA GUADELOUPE
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Les jeux du cirque à Rome

Les jeux du cirque à Rome

 

« Mare Nostrum » ( notre mer)

 « Panem et circenses ( qu’on leur donne du pain et des jeux)

«  Vox populi, vox dei » ( la voix du peuple est celle de Dieu)

Il est vrai que l’empire romain a pris grand soin de canaliser l’agressivité de son peuple et de lui apporter les satisfactions qu’il demandait. Ce qui est moins connu c’est le rôle qu’ont joué les animaux sauvages pour ce faire. Le commerce animalier s’est pratiqué avec l’Afrique et l’Asie avec le massacre écologique qui en a résulté.

Sénèque disait que la faiblesse des hommes était d’aimer par-dessus tout les loisirs sauf les philosophes. Que penseraient-il de notre vingt et unième siècle ! L’importance des jeux (loterie, tiercé, tombola, les jeux en ligne etc….) et des loisirs ( voyages, sorties, fêtes etc…) sans parler de cette fuite permanente du réel grâce aux écrans. Et pourquoi les philosophes y échapperaient-ils ? Parce qu’ils décodent les actes marquants de leur société, ils réfléchissent à ses transformations, ils préviennent de ce qui peut l’amener à ses failles voire à sa chute.

 Les Romains avaient compris que les jeux du cirque influeraient sur la popularité et la fierté que pouvait susciter l’empereur et les romains célèbres. Tout ceci on l’apprend dans les livres d’histoire certes, mais le rôle qu’ont joué les animaux sauvages dans tout ceci n’est pas assez relaté. Ce n’est pas étudié.

Or pour le peuple romain, le nombre et la rareté de ces animaux là était le seul moyen de mesurer la puissance de son empereur et de Rome, et de vérifier que l’empire romain s’agrandissait comme il le fallait. Les empereurs romains répugnaient à policer le peuple, il fallait donc un palliatif pour endiguer agressivité, révoltes et révolutions. L’agressivité devait donc se jouer dans l’arène et pas sur les gradins ou dans la rue. A cette époque, les soulèvements du peuple étaient nombreux, sans compter la révolte larvée mais permanente des esclaves. Certes peuple et esclaves étaient bien nourris : les aliments étaient variés et équilibrés   ( les fouilles archéologiques l’ont prouvé). Il fallait donc trouver un moyen pour que le sang ne coule pas dans la rue mais dans un lieu prévu à cet effet, contrôlé : l’arène. L’équilibre était assuré grâce à « panem et circenses ». L’empire pouvait continuer à s’étendre du bassin méditerranéen, jusqu’en Angleterre, en Afrique et en Asie. C’était un équilibre politique cruel mais efficace.

 

Les jeux qui étaient donnés, étaient grandioses, on ne se moquait pas du peuple, et ils duraient pendant plusieurs jours de quoi bien enivrer les foules ; elles repartaient dans leur foyer défoulées, rassasiées de sang et de combats. Elles pouvaient faire corps et rester soudées autour de l’empereur et de l’armée.

L’organisation dans les gradins étaient calculée pour que le peuple puisse voir la famille impériale, les puissants, les célèbres. L’empereur et sa famille à Rome se devait d’assister à tous les jeux ; ils occupaient la première rangée des gradins. L’empereur doit montrer son pouvoir au peuple, on ne lésine donc pas sur les vêtements fastueux et sur les bijoux.

Ensuite, les places sur les gradins étaient savamment choisies. En un clin d’œil, le peuple pouvait savoir l’ascension ou le déclin de tel ou tel puissant : la place qu’il occupait dans les gradins en était la preuve réelle. Pendant tout ce temps, le peuple se gave d’olives, de noix et de fruits de mer.

 

A l’époque, le pouvoir coûtait cher à celui qui le possédait. Les démocraties républicaines de notre siècle, ne coûtent pas autant.   

Psychologiquement ces jeux étaient importants car le peuple venait y chercher Hercule : c’est-à-dire le mythe de l’homme le plus fort et le plus courageux. Les jeunes pouvaient s’identifier à ces héros qu’étaient les gladiateurs. Les esclaves qui combattaient pouvaient recevoir le glaive en bois : c’est-à-dire le prix de leur liberté. Ces hommes véhiculaient en combattant entre eux et avec les bêtes féroces un parfait modèle identificatoire pour le jeune romain : ils devenaient des symboles de virilité : un guerrier fort, ambitieux, sans peur, récompensé directement par l’empereur, connu et admiré de tous, ovationné tel un puissant. Alors que la veille, il n’était qu’un esclave ! Ce héros pouvait posséder un énorme pouvoir car il devenait intouchable. 

 

 

Mais, les jeux du cirque ne servaient pas qu’à cela, ils avaient une fonction sociale importante : les criminels étaient exécutés dans l’arène. Les Romains avaient un réel rejet pour les criminels, ils considéraient que c’était un être bestial. Eux qui crucifiaient tant ! Alors que c’est une des morts les plus cruelles car il y a des heures voire des jours d’agonie par asphyxie.  Le peuple trouvait donc tout à fait naturel et juste qu’il soit exécuté dans l’arène par les animaux sauvages.

Nous trouvons à juste titre cela cruel, mais que dire des exécutions publiques lors de la Révolution française, la place de Grève était rouge de sang ! Que dire des snuffmovies vendus à prix d’or sous le manteau ( ce sont des petits films de viols et crimes en direct où la victime a été choisie pour avoir un rôle d’actrice, et découvre à un moment qu’il n’en est rien : sa mort va être réelle).

A Rome, des milliers de criminels furent ainsi exécutés : hommes et femmes étaient attachés à des poteaux et on faisait rentrer les fauves volontairement affamés. Les exécutions publiques étaient approuvées par tous. Cette justice imminente plaisait au peuple romain, il ne voyait pas que c’était cruel, il voyait que c’était juste. Comme le peuple français a trouvé normal et juste que des enfants voient des paniers entiers ensanglantés de têtes de nobles décapités. Pensait-on que cette façon de faire pouvait servir d’exemple pour limiter la criminalité. C’est certain.

 

Pour les Romain cette mort-là : attaqué et dévoré  par des bêtes féroces était la mort la plus humiliante qui soit. Ce spectacle terrifiant était tellement à l’opposé du faste qu’ils voyaient dans les premiers gradins : des richesses étalées et les manières distinguées de ces nobles. C’est comme si de façon très manichéenne, ces deux spectacles parlaient au psychisme en ces termes : ou tu épouses les valeurs de Rome quelque soit ton origine et tu seras admiré, respecté ou tu ne seras qu’un morceau de viande qu’on donne aux bêtes. Nul doute, le conditionnement est efficace, et le symbole parlant.

Enfin ces jeux ont servi à la Pax Romana : la pacification de la Méditerranée, la paix des mers. Rome a détruit l’empire Berbère en détruisant Carthage « Carthago délenda est » Carthage doit être détruite. C’est Scipion l’Africain qui s’en est chargé. Beaucoup de ces Berbères sont devenus des légionnaires spécialisés dans la capture de ces animaux sauvages. Rome a aussi utilisé des milliers d’esclaves pour ce faire. Les chiffres de la prédation sont impressionnants. Pour un des jeux les plus fastueux, on a compté 500 animaux d’Afrique massacrés en une journée. Les jeux les plus longs connus ont duré 100 jours : 11 000 animaux furent massacrés. Cela c’était dans l’arène mais il faut savoir que la moitié des animaux capturés mourraient lors du transport.  

Le faste nécessaire à montrer la puissance de Rome a crée un désastre écologique jamais égalé. L’empereur Auguste a considéré que l’Egypte allait être pour la chasse, son pays de prédilection. Il a tant prélevé les crocodiles, les hippopotames du Nil que ces derniers ont fini par disparaître définitivement.

Les empereurs Romains considéraient que cette chasse était un excellent exercice pour l’armée. On peu à peine imaginer le nombre d’hommes qu’il fallait pour transporter et nourrir ces animaux pendant le voyage. A titre d’exemple : un éléphant doit boire 200 litres d’eau par jour et doit manger 25 kgs de fruits et 25 kgs de végétaux divers. On peut imaginer le coût pour amener 8 à 10 éléphants dans l’arène.

Ensuite intervenaient les dresseurs : il fallait dresser tigres, lions et léopards pour les combats et l’exécution des criminels. En effet cela n’a rien à voir avec les techniques de chasse qu’utilisent ces grands fauves pour se nourrir dans les savanes. Là ils n’attaquent pas l’homme mais les herbivores uniquement : ils coursent impalas, gazelles, les girafons, les petits zèbres etc….

Ce dressage se faisait en général en Afrique du Nord, dans d’immenses entrepôts. Les animaux pouvaient rester là une année, tant qu’ils n’étaient pas prêts pour les jeux. Les fauves étaient nourris avec de la chair humaine.

Le transport de ces animaux vers Rome ou les autres villes d’Italie, est devenu une vraie industrie. Les fauves voyagent en caisse aveugles pour ne pas qu’ils soient effrayés. Ces caisses sont en bois ou en métal. On pouvait embarquer 4 à 5 éléphants par navire, on ne compte pas le nombre de naufrages qui ont eu lieu, car les éléphants effrayés pouvaient déstabiliser le navire et le faire sombrer.   

Pendant des siècles, ces animaux sauvages ont débarqué au port d’Ostie, et des millions d’hommes ont été chargés de les amener à bon port jusqu’à Rome. Les éléphants qui peuplaient la Lybie ont été totalement décimés.

Autour de Rome, des vivariums ont été crées, dans les campagnes pour parquer les animaux fraîchement arrivés. Les empereurs possédaient leur zoos privés, c’était un symbole social important. Les animaux rares étaient des cadeaux excessivement prisés. Les empereurs récompensaient ainsi leur loyaux sujets. La Chine offre aujourd’hui ses pandas aux pays qu’elle a choisis. Quel plaisir de voir que certains animaux sont à ce point revalorisés !

 

Que se passe-t-il dans l’arène ? Qui combat ? Ceux qui n’avaient pas le choix : esclaves et prisonniers de guerre. Mais l’engouement du peuple allait aux gladiateurs. Ces derniers se glorifient de leurs cicatrices. Le plus célèbre d’entre eux a tué à lui seul, en une journée 50 bêtes fauves. Ces hommes qui combattent les animaux sont logés près du Colysée. Ils combattent avec un long épieu et pour achever les bêtes blessées ils utilisent glaives et poignards courts. Leur protection est bien faible, juste pour la tête et les jambes. Les femmes aussi peuvent combattre. Le peuple les admire car il les apparente à Diane, déesse de la chasse tenant sa chouette dans la main. Dès 6 heures du matin, on peut se rendre aux jeux.

 Dans les autres villes qu’à Rome ce sont les sénateurs qui font organiser des jeux. Les organisateurs peuvent devenir aussi célèbres que les sénateurs si leurs jeux plaisent au peuple. L’apogée pour un sénateur c’est de devenir gouverneur d’Asie ou d’Afrique. Pour ce faire, ils ont fait montre d’originalité : par exemple, un taureau enchaîné à un ours, un éléphant devant attaquer un lion etc… Entre temps, on présente au peuple les animaux les plus rares, ceux qu’ils n’ont encore jamais vus : rhinocéros, autruches, antilopes, girafes ….

 

Nous devons à Rome 700 ans de massacres, 700 ans de prédation. Au 4ème siècle il n’y avait plus un seul lion en Afrique du Nord, plus un éléphant en Lybie, plus d’hippopotame dans le Nil.   

L’empire de Rome s’est écroulé, les animaux ont reculé pour se protéger, en s’éloignant des côtes.

Les Dieux ne permettent pas que les empires terrestres soient éternels !

 

Ce qui n’a pas changé par contre c’est le goût des hommes pour les combats d’animaux : la corrida, les combats de chiens, de coqs. Ces combats peuvent perdurer car on les explique par la spécificité de la culture, la tradition et l’attrait touristique. J’aurai tellement aimé que les éléphants foulent encore la terre de mon pays natal. Je nourris le rêve fou de pouvoir un jour en réintroduire même s’ils sont vieux, même s’il n’y en a que 2 ou 3. Symboliquement c’est important pour moi: c’est rendre à César ce qui est à César ! Et à Dieu ce qui est à Dieu ! 

 

Je m’appelle Marie-Aude ABANE et je suis Kabyle, Berbère et psychologue.

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