L’Ethique Animale
L’Ethique Animale
Pourquoi la France est-elle aussi en retard en ce qui concerne la reconnaissance de l’éthique animale ?
Cette discipline est enseignée à Oxford depuis 1970. Des milliers de formations universitaires ont eu lieu depuis dans différents pays partout sauf en France.
Pourquoi les vétérinaires d’autres pays sont sensibilisés ailleurs par la relation homme animale et pas chez nous ?
Le milieu intellectuel français est très méfiant en ce qui concerne ces questions, on dit que le barrage vient de la politique et de la morale. Mais qu’est ce que l’éthique animale : c’est l’étude de la responsabilité morale à l’égard de l’animal ; la souffrance étant bien sûr le point de départ de l’éthique animale. A préciser que l’éthique environnementale s’occupe des espèces, pas des individus et le manque d’interrogation est tellement cruel qu’il n’existe même pas d’ouvrage en Français. Le « pape » de cette éthique animale est Peter SINGER. On connaît bien l’hésitation de la presse Française et son mépris d’avoir à s’occuper de la « rubrique chiens écrasés ». Quelle dévalorisation pour un journaliste de parler d’animaux. Parler d’environnement oui ! ça c’est de l’intellect mais pas parler d’animaux. Cette rhétorique sectaire se cantonne à des jugements moraux en terme de bien et de mal. Si l’environnement est à la mode c’est uniquement à cause des problèmes de santé (pollution de l’air , de l’eau) et de dangers ‘ réchauffement de la planète multiplication des cyclones etc…) qu’il pose . Subitement nos cerveaux subissent un électrochoc. Comment ? On dit que si les abeilles disparaissent, on ne leur survivraient pas au-delà de 6 ans ? Ah ! bon. Subitement on réalise que les tonnes de pesticides déversés pour tuer toutes les bebêtes nuisibles et indésirables, puisqu’elle empêchaient- super-rendement, super-production, entendez super-pouvoir de l’homme sur la nature, le végétal et l’animal, et bien ces pesticides empoisonneraient la terre, l’eau, et nous rendraient même déficients mentaux ou stériles. Quand on s’intéresse à la protection animale en France, on passe pour des mèmères à chiens et chats, à des personnes en mal d’affection, d’occupations, mais pas à des cerveaux pensants.
Lors de mes études de psychologie mon premier coup d’éclat a été lorsque j’ai refusé lors d’un cours de neurologie, de décapiter une grenouille vivante. J’ai quitté la salle en disant qu’on pouvait nous passer des diapositives, n’importe quoi mais chaque années faire décapiter 500 grenouilles par 500 étudiants dont 30 finiraient par être diplômés en fin de parcours ! Je voyais les sourires narquois, les regards condescendants voire méprisants des étudiants. Quand au regard du prof ! je ne vous dis pas, il avait pitié. C’était de la pitié pour ma pauvre émotivité non maîtrisée, mon pauvre affectif non canalisé, et mon absence d’intellect diluée dans un excès de féminité. Souvent j’ai repensé à cet épisode. Je l’attribuais à la différence culturelle. Chez les Berbères, le respect de la vie est sacré. Il n’y a pas cette hiérarchie linéaire homme animal ni cette conscience que nous sommes au dessus de l’animal. Je continue à être interloquée par le discours de certaines personnes disant aimer les animaux, et proposer comme seule solution à la souffrance d’un animal l’euthanasie. Je leur répond maladroitement que ce sont des assassins et puis qui sont-ils pour s’octroyer le droit de vie et de mort ? Pour qui se prennent-ils ?
J’en vois même qui rentrent officiellement dans la protection animale et déclamer à la cantonade qu’ils euthanasient tous les chiens au dessus de 2 ans, sans vergogne, sans interrogation. Ils euthanasient les chiens qu’ils ne trouvent « pas beaux ». Quelle toute puissance ! Quelle bêtise ! Si vous les questionnez plus avant vous allez vous rendre compte que ce sont souvent des phobiques et des monstres d’égoïsme. Ce dont ils ont peur, ce sont des zoonoses, c’est-à-dire des maladies que pourraient véhiculer les animaux. Et comme ils s’aiment tellement et veulent protéger leur petite santé, alors avec une totale absence d’intelligence ils argumentent comme des Tartuffes d’affectif que c’est parce qu’ils ne supportent pas de voir l’animal souffrir. Quelle preuve d’affect ! Eux qui ne sont ni vétérinaires, ni scientifiques ont « mesuré » la maladie exacte, et le degré de souffrance de l’animal. Je leur rétorque « si on lui demandait son avis à lui, à l’animal il voudrait vivre, s’accrocher jusqu’au bout à la vie ». Tout comme nous les humains. Je fuis ces « faux bons » ces « faux généreux » qui vont dans l’humanitaire ou dans la protection animale pour « s’acheter » une image de bon, mais surtout pas parce qu’ils le sont. Sans ça ils auraient avant tout le respect de la vie.
Mais poursuivons dans notre propos. La question que vous devez vous posez : pourquoi la France est-t-elle aussi en retard dans l’acceptation de la responsabilité morale de l’homme à l’égard de l’animal ?
La première raison est d’ordre psychologique. Le pouvoir intellectuel ne souffre ni l’émotif, ni l’affectif. Pour être un intellectuel Français compétent, responsable, il faut être vidé du substrat des émotions. Conception qui m’a toujours faite hurler de rire et d’horreur. Pour qui les humains se prennent-ils : on doit apprendre à gérer l’émotif et l’affectif, pas le vider.
C’est une richesse pour l’intellect pas un handicap. Ces intellos pédants, prétentieux, régidifiés sont d’une pauvreté, d’un ennui, d’une stupidité ! des robots ! Des anthropoïdes !
La seconde raison est d’ordre philosophique. C’est l’influence de l’humanisme, l’homme doit être au centre de tout, il est le possesseur de la nature. Descartes subordonnait tout à l’homme, la relation homme animal doit être hiérarchisée et l’animal n’est intéressant pour l’homme que s’il lui est utile.
La 3ème raison est politique avec l’éloge de l’abstraction et le mépris du concret , le discours politique est de plus en plus en total décalage avec l’opinion publique, qui elle réagit par sensibilité. Les images des bébés phoques assassinés dans la neige, la révolte contre l’utilisation des chiots pour la pêche aux requins à la Réunion. Il faut dire qu’à l’Assemblée Nationale Française sont très représentés les chasseurs et les éleveurs et que cela forme des groupes de pression influents.
La 4ème raison est gastronomique : la pratique de la fabrication de foie gras qui va à l’encontre de la protection animale.
Par contre la France s’offusque qu’en Asie ou en Polynésie on mange des chiens. Nous on mange bien des vaches qui sont sacrées en Inde. Les politiques ne s’offusquent pas d’élevage en batterie, de la corrida et autres.
On importait il y a peu encore en France des fourrures de chats et de chiens par contre qui est sensibilisé par les renards, les blaireaux, les fouines ? Catégorisés comme « nuisibles ».
Des produits chimiques sont utilisés pour les paralyser et les dépecer vivants pour que la peau soit plus belle.
Ce serait tellement plus facile de fabriquer de la fourrure synthétique. Pourquoi se moque t-on en France des adeptes de la protection animale et pas des passionnés de philatélie ou d’opéra-bouffe ? Quelle incongruité ! Ne devrait-on pas se poser la question essentielle ?
Où commence et où finit le monde animal ? Qui peut répondre à cela ? Alors qu’on ne connaît que 20% des espèces existantes ! Quelle est la définition de l’animal ? Un être sensible ! La science dit qu’il n’y a pas d’animal humain et pas d’animal non humain. Mais au fait on est bien considéré nous les humains comme des mammifères. Donc nous sommes un animal. Nous avons crée 400 races canines, fabriquées de façon très discutables en termes biomécaniques. Sans parler des alibis utilisés pour justifier l’exploitation animale et les abus. Il suffit pour cela de diminuer la culpabilité des hommes et là on parle rendements, de production, d’expérimentations. Il suffit de gommer la spécificité de l’animal, c’est-à-dire sa capacité à souffrir et à être un être sensible. Réduction du pathos et de l’émotif tiens c’est curieux, c’est la même chose pour être reconnu un « bon » intellectuel. On réduit l’animal au végétal et j’ai envie de dire que l’homme qui procède à une telle réduction devient lui à mes yeux un minéral.
100 millions d’animaux de laboratoire sont utilisés par an dans le monde, 2 millions pour la France. Pourquoi n’utilise-t-on pas des cellules en éprouvettes ? L’homme utilise 53 milliards d’animaux par an pour se nourrir dont 90% viennent d’élevage industriel.
Je reste fière de pleurer facilement en voyant la souffrance d’un animal ou d’un humain, ça ne m’empêche en rien de pouvoir l’aider, bien au contraire. Je revendique d’avoir le droit d’avoir et une cervelle et un cœur et une bouche qui dénonce tous les Tartuffes qui fonctionnent au paraître, à l’image, mais pas à l’être.
Les Blings Blings de la protection animale ! Actuellement ils prolifèrent, sans stérilisation !
Marie-Aude ABANE
Psychologue et humain