Article publié le 24 novembre 2017
Les animaux de guerre
J’ai souhaité aborder ces thèmes car quand on est dans la protection animale on s’intéresse peu en général à cet aspect revalorisant de l’animal.
Je dis revalorisant non pas parce qu’ils étaient épargnés par les lances, flèches et blessures de toutes sortes et les lentes agonies sur les champs de bataille, mais parce qu’ils ont permis de changer la face du monde grâce aux conquérants qui les chevauchaient, Gengis kahn, Alexandre le Grand, Hanibal, César, les Templiers et les croisades etc…. Ce sont les animaux et le goût de l’aventure, le courage face à l’inconnu de ces hommes d’exception qui ont permis aux différents pays de s’enrichir des différents apports culturels de ces civilisations différentes, de leurs évolutions scientifiques, pharmaceutiques, religieuses (la poudre noire a été importée de Chine en occident, les épices, légumes et fruits de toutes sortes, la soie etc…). L’orient a enrichi l’occident et à contrario. Les civilisations tout en se combattant, chacune persuadée que leurs dieux étaient les seuls vrais dieux, que leurs tactiques militaires étaient les meilleures, que leurs rois et empereurs étaient les seuls à être d’essence divine et que leurs mœurs étaient les plus évoluées du monde. Certes il y avait le sang versé mais aussi les races se mêlaient, le commerce qui s’enrichissait, la notion de l’art, du beau qui se diversifiait, les courants idéologiques, philosophiques et religieux qui se confrontaient. Et tout ceci était possible grâce aux animaux.
Merci à eux que l’on ne soit pas resté tribus, cromagnons dans notre toute petite parcelle du monde. Vous allez me dire : mais c’est vieux tout ça ! Non ! Les chevaux ont été utilisés jusqu’à la première guerre mondiale. Ce sont eux qui transportaient les canons, les vivres et l’eau, qui tiraient les carioles contenant les blessés et les cavaliers. Lors de la seconde guerre mondiale, on ne les a plus utilisés que pour transporter les charges dans les terrains très accidentés. C’est l’augmentation de la puissance des armes à feu, qui a fait que les animaux de guerre ont été abandonnés: chevaux, éléphants, porcs qui servaient entassés et incendiés dans les sous-terrain des châteaux pour en permettre l’entrée ; ou pour effrayer les éléphants de guerre lorsqu’ils étaient lancés en feu sur eux. Rendons-leur hommage, car leurs souffrances, leurs morts ont fait de nous les hommes, des êtres plus civilisés, plus évolués, plus riches intellectuellement, malheureusement pas plus sage ni humbles.
Les chevaux
On pense que le cheval a été domestiqué en Asie centrale, des milliers d’années avant Jésus Christ. Je vais vous raconter pourquoi Timoudjin est devenu Gengis Kahn avec un empire de 11 millions et demi de Km² : l’empire continental le plus étendu de toute l’humanité : on dit que Gengis Kahn a violé tellement de femmes que l’on considère qu’un tiers des femmes actuelles porteraient ses gênes. En 1215 après Jésus Christ, il y avait 50 000 mongols, Timoudjin était le fils d’un chef d’une des nombreuses tribus. Il a vu son père assassiné devant lui par un des chefs adverses, sa mère et lui ont dû vivre exilés entièrement démunis. Il a été l’esclave de ce chef Mongol jusqu’à ce qu’il puisse échapper à ses ravisseurs. Enfant il a survécu seul dans le froid, glanant de la nourriture. Jusqu’à ce qu’il unisse les tribus et qu’avec son armée de Mongols, il bouleverse le monde. Et la clé de son succès a été le cheval Mongol. Ce sont des chevaux qui peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres par jour. Dès l’âge de 3 ans les petits mongols font du cheval, ils apprennent à les monter sans utiliser de rennes. Plus grand ils apprennent à décocher leurs flèches en plein galop. Chaque guerrier possède quatre chevaux. La légende disait qu’ils voyageaient plus vite que la nouvelle de leur arrivée. La cruauté des Mongols est légendaire : les prisonniers étaient décapités, leurs enfants massacrés, les crânes étaient empilés. 60 000 femmes ont préféré se suicider plutôt que d’être violées par les Mongols. C’était une force militaire très efficace, personne ne pouvait leur résister. Gengis Kahn accentuait la peur qu’ils suscitaient en interdisant à ses guerriers de se laver ; Ce sont des hordes à l’odeur pestilentielle qui s’abattaient sur les populations. Les Mongols n’ont pas colonisé une partie du monde que par cruauté, ou goût du pouvoir. Il y a eu un réchauffement climatique qui a produit la sécheresse des pâtures en Mongolie. C’est-à-dire plus de possibilités de nourrir les chevaux qui était le seul moyen de se déplacer dans les steppes et de transporter les denrées. Aux yeux de Gengis Kahn, la Chine devenait un pays de cocagne riche en céréales, soies et en thé. Voilà pourquoi il a déployé ses hordes sur la Chine. Il a crée des relais de poste tous les 50 kms, chacun abritait 400 chevaux, les nouvelles étaient acheminées par les cavaliers, c’est ainsi que le papier, l’imprimerie et la poudre à canon ont diffusé d’est en ouest. Malheureusement 1 siècle après la mort de Gengis Kahn, la bactérie de la peste Bubonique a emprunté toutes ces routes de commerce, car elle était transmise par les puces elle mêmes transportées par le rat noir originaire d’Asie. Chaque couple de rat noir engendre 2000 petits. Ils ont transité en Europe par les voies commerciales Mongoles. Les mongols ont utilisé la guerre bactériologique : ils projetaient avec les catapultes les corps de lépreux dans les camps ennemis.
La peste a mis 10 ans pour traverser l’Asie et envahir l’Europe, personne ne savait qu’elle était transmise par le rat, à la fin les bacilles étaient dans l’air, la transmission n’avait plus besoin de puces. Le taux de mortalité qui était de 75% est devenu de 100%. A l’époque on pensait que c’était la colère de Dieu, que c’était une punition divine.
Le Pape Clément VI a voulu enrayé la maladie en faisant du Rhône un cimetière aquatique. Grand mal lui a pris, le peuple a pris conscience que Dieu n’écoute pas le Pape puisque la peste n’était pas enrayée. C’est en 1349 que la peste a le plus fait rage. Il fallait chercher le coupable, le complot diabolique. On a décidé que c’était les juifs qui empoisonnaient l’eau. Les juifs n’ont pas eu le choix : où ils se convertissent au catholicisme où ils devaient mourir : 1000 ont été brûlés. Le carnage s’est avéré inefficace puisque 5 mois plus tard la peste continuait à se propager. Elle a été aussi meurtrière que les hordes de Mongols.
De l’histoire on peut retenir le rôle que les animaux ont joué dans l’humanité : la conquête, l’enrichissement, l’évolution de la science et des idées, aussi bien que la maladie, les massacres. Les rats sont toujours bien là malgré l’acharnement des hommes à les détruire. L’animal s’adapte à la folie des hommes. Il est même un des animaux les plus intelligents. Son image change, avec les découvertes scientifiques, le cheval a gardé ses lettres de noblesse, d’autres grands guerriers ont étendu leur empire grâce à eux.
Je pense qu’on devrait déplorer leur perte comme instrument de guerre car maintenant on a les missiles de guerre et les gaz, et les bombes atomiques.
Retournons vite câliner chevaux et rats on restera humains.
Les éléphants
L’usage guerrier des éléphants aurait été appris aux Carthaginois par Pyrrhus, roi d’Epire, qui aurait lui-même imité ce qu’avait fait Alexandre Legrand. Carthage, capitale de l’empire Berbère était la bête noire de Rome. Ville de tous les commerces, richissime, elle possédait des guerriers redoutables et fins stratèges, elle faisait de l’ombre à la puissance Romaine. Scipion ne cessait de marteler « Carthago delenda est », Carthage doit être détruite. Elle le fût et ce fût également la fin de l’empire berbère. Mais d’où venait ces éléphants utilisés pour la guerre ? Les auteurs sont en désaccord car 2 espèces d’éléphants existent ceux d’Afrique et ceux d’Asie. Les éléphants d’Afrique étaient appréciés pour leur résistance à la soif et à la chaleur. Ceux d’Asie étaient considérés comme plus intelligents car plus domesticables. On retrouve chez les buffles également 2 espèces différentes, ceux d’Asie et ceux d’Afrique ; ils sont toujours utilisés pour les les tâches agricoles et pour tirer des charrettes.
Hannibal traversa les Alpes pour attaquer Rome avec des éléphants venus d’Afrique du Nord. Cela me fait rêver de penser que ma terre natale était foulée par ces grands colosses pour lesquels j’ai une affection, une attirance et une admiration sans bornes. Rome a été le premier prédateur et la première à être responsable de leur disparition, elle les utilisait pour les jeux du cirque, pour les offrir en cadeaux aux puissants et pour que les riches romains puissent assoir leur pouvoir en les gardant dans leurs jardins. C’était des chasseurs berbères qui étaient employés pour les traquer.
Le rôle de l’éléphant comme animal de combat est important : il est le deuxième après le cheval. Ces éléphants étaient carapaçonnés de plaques métalliques pour les protéger, on leur mettait des clochettes pour les exciter. Les cornacs se munissaient de pointes en fer pour leur enfoncer dans la nuque au cas où ils en perdraient le contrôle. Ils possédaient également ou une lame, ou un maillet pour totalement les neutraliser ; car le risque avec des animaux aussi puissants était qu’ils deviennent tellement affolés, excités, terrifiés qu’ils piétinent les guerriers de leur propre camp ou qu’ils se retournent contre leur maître. Les Romains avaient bien compris que le seul moyen de lutter contre ces pachydermes, était de les rendre fous furieux, à cet effet ils leur lançaient des porcs enflammés, où ils les criblaient de flèches pour qu’ils deviennent fous de douleur.
Les stratégies habituelles étaient de disposer ces éléphants en ligne pour protéger l’infanterie. L’histoire rapporte que Carthage en aurait disposé jusqu’à 140 en ligne. Lorsqu’on ne disposait pas autant d’animaux, ils étaient placés aux ailes pour effrayer la cavalerie. Ils servaient également à briser les palissades ou à piétiner les derniers combattants restés sur le champ de bataille.
Il faut savoir que si les éléphants venaient d’Afrique ou d’Asie, les cornacs eux étaient tous asiatiques. Seuls les mâles étaient utilisés pour la guerre, plus forts et plus agressifs. Ces « chars d’assaut vivants » pouvaient peser jusqu’à 5 tonnes et mesurer près de 3 mètres au garrot. Leur apprivoisement aurait commencé en 2000 avant Jésus Christ, longue carrière guerrière ! Au début ils ont été apprivoisés pour les tâches agricoles, ce qui est actuellement toujours le cas : ils transportent toujours des troncs d’arbres coupés dans les forêts.
La première fois que les européens ont été confrontés aux éléphants de guerre, c’est à la bataille du Gaugamèles qui opposait le roi de Perse Darius III à Alexandre le Grand. Darius en avait fait placer 15 au centre de ses lignes. Les troupes macédoniennes ont tellement été impressionnées qu’Alexandre a offert des sacrifices à la Déesse Nyx, déesse de la peur et de la vengeance. Alexandre gagna la bataille grâce à ses qualités de stratège, et à sa cavalerie. Alexandre le Grand, comprenant l’impact de cet animal sur les ennemis en a vite incorporé dans son armée.
A la bataille de l’Hydaspe en Inde Alexandre le Grand a eu raison de 200 éléphants ( la moitié seulement a survécu) sa cavalerie a refusé d’affronter les mastodontes, l’infanterie a alors ciblé les cornacs. Ipsos en 301 avant Jésus Christ a été la plus grande bataille d’éléphants de l’Antiquité. 400 à 500 éléphants ont été utilisés.
A la bataille de Raphia en 217 avant J-C Ptolémée IV place 73 éléphants d’Afrique du Nord et Antiochos III 200 éléphants d’Asie. C’est la seule bataille de l’Antiquité où les espèces d’éléphants se sont affrontés. On connaît beaucoup plus le passage des Alpes par Hannibal au 2ème siècle avant J-C. Certes ses éléphants ont terrifié les légions Romaines mais ils ont pour beaucoup succombé au froid, presque tous d’ailleurs. Les Romains étaient des combattants exceptionnels (ils ont eu un des plus grand empire au monde qu’ils ont gardé 400 ans). Plus ils ont voulu conquérir, asservir de peuples plus il leur fallait des céréales, de l’or pour acheter des traitres parmi les rois barbares et nourrir soldats et animaux de guerre. A l’époque, avait l’appellation de barbares soit ceux qui n’étaient pas Romains, ni Grecs, soit ceux jugés comme des sous cultures, donc des sous-hommes, c’est le propre de la colonisation. Rome prélevait des impôts de ses peuplades asservis, des esclaves, les fils et filles des rois et seigneurs étaient très jeunes envoyés à Rome, élevés comme des Romains puis ils étaient renvoyés dans leur pays d’origine pour combattre leur propre ethnie, leurs propres parents. Mais Rome en éloignant de plus en plus ses frontières de son pays natal, s’est affaiblie sans compter les révoltes barbares : Hannibal, Spartacus, Attila, Armenius, Alaric et autres….
Les empires terrestres ne sont pas éternels. !
Les éléphants eux ont payé un lourd tribut aux exigences de Rome. Cette prédation permanente a fait en sorte que l’éléphant d’Afrique a failli disparaître totalement. Il a disparu en Afrique du Nord.
L’éléphant comme animal de guerre a été abandonné au 20 ème siècle. On le comprend aisément, les armes sont devenues de plus en plus sophistiquées et puissantes, sans compter la puissance de feu aérienne et les chars d’assaut qui l’ont supplanté. Il faut tout de même souligner que l’armée l’utilise encore pour transporter du matériel dans des endroits difficiles d’accès. Ceci a été le cas pendant la seconde guerre mondiale.
La charge d’un éléphant mâle peut atteindre 30km/h. Il faut attendre 15 ans pour que l’animal devienne adulte. 6 tonnes de fourrage sont nécessaires pour nourrir 1 éléphant pendant 1 mois. Il faut dire qu’un éléphant d’Afrique peut peser jusqu’à 7,5 tonnes, celui d’Asie jusqu’à 5 tonnes. C’est dire ce que ces guerres pouvaient coûter en or, en charges, en vies.
Pour la petite histoire Hannibal a pris totalement les Romains par surprise ( aucun sénateur ou consul n’y a cru). Il gagna 4 batailles contre Rome. Il fût battu par Scipion l’Africain à Zamia, un traité de paix fût signé. Il choisit de rester à Carthage mais il dût fuir, et se suicida afin d’éviter d’être amené à Rome comme trophée de guerre.
Actuellement l’éléphant est en danger, victime du braconnage pour ses défenses en ivoire et victime de la bêtise humaine qui détruit son habitat, son territoire. La SPA de la Guadeloupe félicite et rend un incommensurable hommage à toutes les associations, vétérinaires et gardes des parcs naturels qui risquent leur vie pour protéger ce merveilleux animal qui pleure ses morts, communique de façon très précise entre eux, possède une mémoire ancestrale, et qui nous a rendu tellement de services. Il possède un sens de l’empathie et de la compassion bien plus importante que certains humains. Et les chercheurs sont loin d’avoir compris encore tout ce qui se passe dans leur cerveau. Alors salut à toi majesté éléphant et plaise au ciel que tu survive à la bêtise et au goût du pouvoir et de l’argent des humains.
Marie-Aude ABANE