28 Décembre 2018
Bilan d’activité 2018
Comme vous le savez peut-être depuis 1986 (date de la création de l’association) ma maison est une maison refuge. Vous pouvez en voir la présentation sur notre site www.spa-gp.org . J’y accueille les chats et chiens dont personne ne veut : les vieux, les handicapés, ceux qui ont subi de lourds traumatismes dû à des actes de cruauté et de barbarie, et ceux qui sont jetés comme des paquets d’ordures.
Les animaux vivent en liberté (kabylité oblige !) dans le jardin et la maison : les espèces peuvent ainsi interagir entre elles( oiseaux, iguanes, Bernard l’Hérmite, crapauds, grenouilles, ). Quand j’ai acheté ce terrain, il n’y avait plus un seul oiseau sur les 50 pas géométriques. Actuellement j’ai 4 espèces d’oiseaux différentes engloutissant 7 bols entiers par jour, un mélange de yaourts, lait, sucre, viennoiserie et pain de mie impropres à la consommation humaine qu’on nous donne sans compter les graines exotiques et les 3 bananes de rigueur.
C’est ainsi que je conçois la protection animale : la liberté et l’interaction des différentes espèces entre elles.
Cette année de généreux donateurs nous ont permis de changer la vieille voiture de la SPA recyclée en voiture refuge : on ne l’a pas vendue pour un chien abandonné que l’on a appelé Petit Bonhomme, retrait des sièges arrières, coussins et vieux drap pour l’aspect douillet, porte arrière ouverte en permanence et parpaing déposé devant pour faciliter l’accès aux articulations rouillées par l’âge. Les chiens abandonnés que je ne peux pas faire rentrer dans la maison y trouvent refuge. Ils sont nourris, soignés, vermifugés.
J’ai trouvé un jour dans la rue « Petit Bonhomme », sa propriétaire l’appelait Kenzo, un mélange de Dog Argentin tout blanc, dans un état de maigreur indicible ( il n’avait pas la force de mâcher la viande rouge que je lui donnais pour reconstituer ses muscles) il avait cassé la grosse corde avec laquelle il avait été attaché par le cou, tellement serrée qu’elle était rentrée dans les chairs devenues en décomposition. Il a fallu batailler pour arriver à couper cela. La peau de son corps était couverte de blessures, comme s’il avait été piqué de partout avec un instrument pointu. Le courant est tout de suite passé avec ce chien, les yeux de ce chien, son regard, il avait une âme, c’était presque un regard humain. J’ai compris par la suite que c’était le vieux chien du monstre qui me sert de voisine. Elle l’avait jeté dehors probablement incommodée par l’odeur des chairs putrides. On lui a sauvé la vie. Il avait des bains qu’on faisait dans la rue avec un shampooing pour ses allergies, il était allergique aux piqûres de moustiques, lotion spéciale etc…. Il est devenu magnifique. Et là un beau jour il a disparu. La bête humaine l’avait récupéré et attaché derrière sa maison. On ne pouvait plus rien faire avec toutes les menaces de mort qu’elle avait déjà auparavant proféré à mon encontre ! Il appelait la nuit, je l’entendais, depuis la rue je lui parlais, je lui disais que je ne l’avais pas abandonné. Un jour Petit Bonhomme a réapparu dans le même état de maigreur et de faiblesse que précédemment. Cette fois-ci il avait été attaché par l’aine des 2 cuisses, la corde lui avait compressé le pénis, on pouvait voir le canal urinaire, les chairs étaient en décomposition et recouvraient la corde. Là on l’a emmené chez le vétérinaire, il a fallu l’opérer. On lui a sauvé la vie une seconde fois. Il est redevenu magnifique. Le 30 juillet 2018 le monstre a laissé un message sur le répondeur de la SPA, je l’ai rappelé, elle m’a demandé de le récupérer car il était souffrant (j’hallucinais, j’ai la preuve de cet appel car elle a donné son nom et elle a précisé « bien que c’est la voisine qui s’en occupe ! »). J’ai fait comme si je ne la connaissais pas pour la faire parler au maximum. Par la suite pour Petit Bonhomme une tumeur a poussé à l’endroit où on voyait le canal urinaire. Elle saignait en permanence il a fallu le réopérer. Entre temps, le fils du monstre qui me semblait un peu plus humain que sa génitrice a remercié pour tout ce qu’on faisait pour lui. On lui a expliqué toutes les opérations, les antibiotiques, anti-inflammatoires et autres. Il a dit qu’il participerait aux frais. De plus je lui ai donné des croquettes pour nourrir les 2 autres chiens qu’il a et qui subissent le même traitement que Petit Bonhomme. J’avais donné des colliers pour ne pas qu’ils soient attachés avec des cordes.
Ne voyant pas l’ombre d’un copek arriver, je lui ai dit que je lui faisais don des frais vétérinaires. Pourtant on ne pouvait plus payer la note de notre vétérinaire, la dette s’étoffait.
J’avais fait une demande d’aide à la Confédération de 5000€ en leur fournissant un dossier complet de nos difficultés. Ils ont refusé sans aucune explication que je leur avais pourtant réclamées.
Dans la nuit du 14 au 15 novembre, je suis réveillée, et Mme MESSILI aussi par les hurlements de nos chiens et des chiens d’autres voisins. Ils étaient tous devant le portail à hurler à la mort. Visiblement il se passait quelque chose dans la rue devant les voitures. Je n’ai pas pensé une seule minute que Petit Bonhomme était en danger car quand il avait peur, il se mettait sur les sièges avant de la voiture refuge et il était très difficile de l’en extraire.
Le lendemain matin on l’a retrouvé là baignant dans son sang, à voir les multiples lacérations autour de son cou on a compris qu’ils avaient fait venir un ou 2 chiens de combat et qu’ils l’avaient fait attaquer par ces molosses. Il avait tellement peur, il était terrifié en état de choc. Je n’ai jamais vu une bête aussi traumatisée. Lucky Luke qui était là aussi avait grimpé en haut de la voiture. C’est un petit chien créole dont on s’occupe qui était passé sous une voiture et qu’on soigne aussi. Et là je n’ai jamais été aussi mal de ma vie. Je n’ai pas osé solliciter nos donateurs qui avaient déjà été mis à contribution pour l’achat de la voiture. On a été cherché chez le vétérinaire des piqûres d’antibiotiques et d’anti inflammatoires. On ne pouvait payer une autre opération, il avait au cou, à la cuisse des lacérations béantes. On n’a pas eu le temps de le traiter. Dans la matinée du 17 novembre alors que Mme MESSILI était chez le vétérinaire ils l’ont enlevé dans la voiture de la SPA. Il faut forcément être sûr d’une impunité totale pour faire cela en plein jour en pleine rue !!!
Petit Bohomme endormi dans la voiture refuge | Lucky Luke |
Le chien ne pouvait pas marcher, la cuisse avait été déchirée et il était couvert d’hématomes. Ils ont dû le rattacher sur ses plaies béantes avec une corde et le laisser agoniser là, car une semaine après, le samedi 24 novembre ils sont venus le déposer mort, à côté de la portière ouverte de la voiture refuge, en le cachant bien pour nous envoyer la police municipale du Gosier (dont ils sont fans) pour nuisances olfactives ou autres. On l’a mis dans un drap, les membres commençaient à se détacher, il était couvert de vers, pour l’enterrer de façon civilisée, comme sa vie de martyre l’exigeait. Est-ce qu’il est mort parce qu’on ne pouvait pas m’atteindre ? Gandhi disait qu’on voyait le niveau de civilisation à la façon dont les animaux étaient traités ! Comment nommerait-il l’histoire de Petit-Bonhomme ?
Lucky Luke qui était là avec lui depuis des mois était perdu. Ils allaient ensemble se baigner, se rouler dans le sable et faire leur petite promenade.
Ma rancoeur à l’égard de la Confédération ne disparaît pas. Heureusement un collectif s’est crée parmi les 262 associations confédérées car la SPA de Paris, boulevard Berthier, vient d’attaquer la SPA de Marseille qui est très ancienne ( en 1912 des commerçants, vétérinaires et des bénévoles s’associent pour soigner les animaux, en 1938 la SPA de Marseille est reconnue d’utilité publique et en 1962 construction du refuge de la SPA de Marseille) afin qu’elle ne porte plus le cigle SPA. Nous craignons tous que la SPA de Paris attaque chacune des petites associations et beaucoup, comme moi, ne pourront pas nous défendre. Nous sommes nombreux à penser que la Confédération ne joue plus son rôle : pour leur congrès ils ont payé voyage et séjour à 6 personnes venues d’Inde pour qu’elles expliquent à la quarantaine d’associations qui ont pu payer déplacement et séjour, ce qu’elles font en Inde en matière de protection animale et moi ils m’ont refusé 5000€ pour pouvoir soigner mes bêtes. Et je ne suis pas la seule à avoir essuyer un refus !
Maïssa, une chienne mélangée labrador a élu, depuis, domicile dans la voiture refuge. Elle a dû être attachée longtemps par la cheville avec un fil de fer. Les plaies sont toujours rouges. Elle a du mal à marcher pourtant ce n’est pas un vieux chien, je ne sais pas si elle n’a pas été battue sur les articulations. Elle découvre les câlins, cela lui était totalement inconnu ! L’addiction est galopante.
Voilà chers amis, notre action au quotidien, je ne parle pas des chats et chiens abandonnés que l’on nourrit partout où l’on peut.
Les problèmes sont permanents, là voilà plus d’un mois que Carrefour Milenis est fermé. Depuis 2000 on fait la casse de la boucherie pour nourrir tout ce petit monde. On est donc obligé d’acheter boîtes, sachets, terrine qu’on mélange avec riz et nourriture des chats, mais on ne tiendra pas longtemps. Heureusement nos donateurs sont toujours présents.
Mais ne croyez surtout pas chers amis que les psychopathes sadiques, amputés du coeur n’existent qu’aux Antilles et que les métropolitains eux aiment les animaux. Les ¾ des animaux abandonnés dans la rue sont issus de foyers métropolitains. Il existe en en tout 1500 associations de protection animale en France et Dom, et visiblement personne ne chôme, alors ! Le sadisme est universel, comme je dis toujours, il n’existe pas un cœur pour les animaux et un pour les humains, c’est le même. Ceux qui sont sadiques envers les animaux le seront un jour envers les humains. La jouissance d’avoir à sa merci un corps que l’on torture est la même. Les sérials killers ont pratiquement tous commencé à torturer et massacrer les animaux. Les bêtes humaines existent partout.
Il existe un proverbe kabyle qui dit : « un mauvais bâton, taille-le ou laisse-le c’est pareil, un mauvais âne, charge le ou laisse le c’est pareil, un mauvais homme, parle lui ou laisse le c’est pareil.
En tant que psychologue expert judiciaire, je me suis battue pour aider, à ne pas avoir les mauvais comportements, les mauvaises réactions, à apprendre à gérer les addictions et les perversions des humains. Quand je vois ce qu’on a pu faire à Petit Bonhomme, je n’ai plus envie de soigner aucun humain. Comme disait KIPLING, « plus je connais les hommes, plus j’aime les bêtes ».
Marie-Aude ABANE
Présidente de la la SPA
de la Guadeloupe